L'Eglise et sa place

L'Eglise Saint Médard

A la fin du XIème siècle, au plus profond de la forêt de Glenne, l’église Saint Médard est en ruines, elle a été dévastée par la violence des vents. C’est entre ses murs que vit l’ermite Pierre dans une cabane de branchages. En 1100, Bernard de Tiron devient missionnaire itinérant, il veut concilier la vie d’ermite et les tournées de prédication. Il s’enfonce dans les « déserts » forestiers à la limite de la Bretagne et de la Normandie. Il choisit de rester auprès de Pierre, le temps d’apprendre la vie d’ermite. Saint Médard ou Saint Mars sur la Futaie fut le premier ermitage de Bernard de Tiron.

L'Aubépine près de l'Eglise est le seul témoin qui a connu les ermites
L'Aubépine près de l'Eglise est le seul témoin qui a connu les ermites

L’église actuelle dédiée à Saint Médard fut reconstruite au XIIème siècle. Elle dépendait de l’Abbaye de St Jouin des Marnes. De cette époque, on peut dater : les murs de la nef, les fenêtres de la nef en forme de meurtrières qui étaient encore visibles en 1900, la piscine de la nef destinée aux ablutions du prêtre permet de situer la place de l’autel. L’église du XIIème siècle avait donc la taille de la nef actuelle.

La nef
La nef

Les fonts baptismaux du XIIIème siècle sont de grande dimension et en granit. L’intérieur de la cuve est divisé en 2 compartiments. Le plus petit est destiné à conserver l’eau baptismale, l’autre, percé en son fond, permet l’évacuation de l’eau versée sur la tête du baptisé.

les fonts baptismaux du XIIIème siècle
les fonts baptismaux du XIIIème siècle

Seconde moitié du XVème siècle, après la Guerre de Cent Ans : L’église est agrandie, on construit le chœur.  Le chevet plat présente de larges assises de granit, des contreforts et des rampants à crochets. Une belle fenêtre de style flamboyant éclaire le chœur, une plus petite de même style est ouverte au sud.

Le chevet de l'église du XVème siècle
Le chevet de l'église du XVème siècle

En façade côté ouest, on retrouve rampants à crochets et contreforts de granit ; une porte d’entrée encadrée de moulures de granit.

la porte d'entrée de l'église du XVème siècle
la porte d'entrée de l'église du XVème siècle

A l’intérieur, la voûte du chœur, présente des sablières moulurées et une charpente du XVème siècle.

Le choeur de l'église
Le choeur de l'église
la voûte du choeur
la voûte du choeur

Une piscine en granit, plus ouvragée que la précédente, comporte une crédence permettant de poser les objets liturgiques.

Piscine du XVème siècle
Piscine du XVème siècle

Dans la seconde moitié du XVIIème siècle, est bâti le rétable du maître-autel comportant en son centre un tableau, des colonnes de style corinthien, des corniches, des décors : guirlandes de fleurs et angelots, des niches pour les statues.

Maitre hôtel (photo prise en 1950)
Maitre hôtel (photo prise en 1950)

Au XVIIIème siècle, l’église prend la forme d’une croix latine. La chapelle Nord est construite en 1720, la chapelle Sud en 1762. Des inscriptions gravées dans le granit, à la clé de voûte des arcades, nous indiquent les noms des curés bâtisseurs. Les rétables des chapelles sont ornés de colonnes plates imitant le marbre, de niches à coquilles, de guirlandes de fleurs et d’angelots.

Mentions dans les registres paroissiaux de Saint Mars :

  • 26 juillet 1763, bénédiction de la chapelle Sud.

  • 15 juillet 1773, baptême de la grosse cloche

La chapelle Sud
La chapelle Sud

Au début du XIXème siècle, le clocher s’élevait au-dessus du chœur entre les deux chapelles de l’église. En 1833, il fut abattu par la foudre. En 1835, Louis LEMEE, maçon de Saint Mars, construit une tour carrée, adossée au pignon ouest de l’église, c’est le clocher actuel de l’église.

la tour-clocher de l'église
la tour-clocher de l'église

Vers 1910, on boucha les meurtrières et on ouvrit de grandes fenêtres sur les côtés nord et sud de la nef, une nouvelle porte fut ouverte au sud, les contreforts furent remaniés pour soutenir les murs. 

L'intérieur de l'église vers 1900
L'intérieur de l'église vers 1900
L'église avec le clocheton aujourd'hui disparu vers 1900
L'église avec le clocheton aujourd'hui disparu vers 1900

Après 1962, une vague de simplicité vint sonner le glas d’une partie du mobilier de l’église : le maître-autel et son rétable furent démantelés, la grille qui clôturait le chœur et la chaire à prêcher furent détruites. Des statues récentes, d’autres plus anciennes disparurent. Cependant, une destruction fut positive : celle de la sacristie. Elle masquait le chevet de l’église et sa belle fenêtre du XVème siècle.

L'ancien cimetière

De la fondation de la paroisse au XIème jusqu’en 1850, le cimetière enclos de murs entourait l’église placée au centre du village. Dans la communauté paroissiale, le monde des vivants était associé à celui des disparus.

cadastre de 1838 (Archives départementales de la Mayenne)
cadastre de 1838 (Archives départementales de la Mayenne)

Jusqu’en XIXème siècle, l’inhumation avait lieu de plus souvent le jour du décès. En cas d’épidémie, l’office des morts pouvait être célébré dans l’enceinte du cimetière. En 1779, une épidémie de dysenterie fit mourir 45 000 personnes en Bretagne. A Saint-Mars, on enregistra cette année-là, 112 morts (dont une soixantaine dans les 4 derniers mois de l’année).

 

Jusque vers 1740, les prêtres, les nobles et les riches avaient le privilège d’être enterrés à l’intérieur de l’église… Cette pratique cessa en raison de problèmes d’hygiène qui en découlait. Jacques Le ROYER fut l'une des dernières personnes à être enterrée dans le sol de l’église de Saint Mars. Voici son acte de sépulture extrait du registre paroissial :

 

«  Le dix neufieme jour du mois de mars l’an mil sept cent quarante un, a esté inhumé dans nostre église, devant l’autel de la Très Sainte Vierge, par vénérable et discrète personne Messire Jean Noël Dumesnil curé de Montaudin, en présence de nous Michel Lecretin prêtre curé de cette paroisse et de nostre consentement, et encore en présence des soussignés et de plusieurs autres, le corps de Messire Jacques Le Royer, écuyer, Sieur des Forges, vivant mary de dame Anne de Couvry, âgé de quarante ans ou environ, mort d’avant hier. »

 

Les pierres tombales gravées au nom des personnes enterrées constituaient souvent le pavage des églises…

La croix du cimetière ancien (fin du XVIe siècle)

Le calvaire situé près de l’église était la croix de l’ancien cimetière. Son fût effilé de 6 m de haut, constitué d’un seul bloc, est un véritable exploit de l’art de la taille du granit. Il fut dressé à cet emplacement vers 1580.

 

Cette croix suit l’orientation de l’église, ses bras sont parallèles à ceux du transept.

 

Jusqu’au XVIIIe siècle, la croix du cimetière était communautaire : il n’y avait ni croix individuelle, ni inscription sur les tombes.

 

Après 1740, les gens importants n’étant plus enterrés dans l’église, les tombes s’individualisent. On élève des croix de pierre sur les tombes des plus riches et des croix de bois pour les plus pauvres. On y inscrit le nom du défunt.

L’if de l’ancien cimetière (XVIIIe siècle)

L’if est un arbre aux fruits vénéneux, il était consacré par les Anciens aux divinités de la mort. Il était planté traditionnellement dans les cimetières. Son feuillage persistant était le symbole de survie par delà la mort. L’if a une croissante très lente, sa taille et sa circonférence permettent d’affirmer qu’il a au moins deux siècles d’existence.